Pour Gaël Hemery

Karin Chiron, agent artistique de Gaël Hemery (l'un des plus grands poètes provençaux actuels) m'a demandé d'écrire en urgence une vingtaine de lignes pour présenter ses textes et sa musique.
Intimidée par la commande, émue d'une si grande confiance...

Pour Gaël

    Entre terre et mer, entre ciel et lagune, entre les tumultes de l'orage et la nonchalance de l'été, l'homme poète marche, porté par le bruissement cadencé des roseaux, la tête dans les étoiles.

    Funambule aux confins du monde, en équilibre entre force et fragilité, entre les rêves de l'enfance et la gravité de l'âge adulte, il marche, il écrit, il chante. Il chante la Camargue, sa terre du bout du monde, croûtée de sel, blottie dans les bras amoureux du Rhône, cette terre de ciel, d'eaux et de vents mêlés qui lui colle au coeur et aux mots comme les embruns s'enroulent aux salicornes et lui inspirent une oeuvre vibrante empreinte de douce nostalgie.
    Les textes de Gaël Hemery ont la force du mistral, les couleurs fauves de l'automne, l'odeur des enganes nappées de brume, la saveur de ces libertés sauvages et fragiles qu'on savoure avec pudeur de peur qu'elles s'évanouissent. Fines dentelles posées sur les paroles quand le bonheur allume la mélancolie de reflets dansants, ses mélodies dessinent la légèreté de l'air, la fluidité de l'eau, la subtilité de l'amour partagé, cisèlent autour des mots des paysages délicats et rares.
    Chaleur d'une langue provençale inspirée et moderne, voix grave plus profonde que les racines de l'olivier, musique envoûtante aux arrangements riches où les instruments traditionnels épousent les sonorités actuelles, tout est justesse sans fard, tout est simplicité sincère et généreuse.
    “En balans“, en équilibre sur le fil de la vie, ballotté entre deux vagues comme le grain de sable solitaire face à l'éternité, les chants de l'homme poète prennent leur source au temps qui va, vient et passe, s'abreuvent à l'onde d'un bonheur si simple qu'on le croyait oublié pour mieux les offrir et les faire partager.
    Qu'il dise “Tu n'es qu'un aparté dans l'éternité, un grain sans importance“, je prétends, moi, que la poésie de Gaël Hemery est vitale, urgente, nécessaire.


le 31 janvier 2008.

Et je vous invite à entendre son univers sonore, ses mots...
par ici !, par là, ou encore... !

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